Peut-on vraiment gérer ses émotions
8 oct. 2024
Étymologie latine
Le mot « émotion » vient du latin movere, qui signifie « ébranler », « mettre en mouvement ».
Définition d'émotion (dictionnaire de l’Académie française)
Une émotion est une réaction affective brusque et momentanée, agréable ou pénible, souvent accompagnée de manifestations physiques.
Les émotions sont des réactions réflexes, ressenties et conscientes, provoquées par des stimuli provenant du monde extérieur et d’une interaction avec celui-ci. Les émotions primaires, identifiées dans différentes études et que l’on retrouve également dans la notion des cinq éléments du tao, sont : la tristesse, la peur, la colère, la joie et le dégoût.
(Il est parfois ajouté la surprise ainsi que le mépris.)
Les ressentis physiques perçus résultent d’un ensemble de réactions neurobiochimiques, orchestrées notamment par le système limbique (partie du cerveau située entre le néocortex et le système reptilien archaïque). L’activité des différentes structures du système limbique va sécréter ou activer divers neurotransmetteurs tels que la dopamine, la sérotonine, l’ocytocine, l’adrénaline, la noradrénaline, l’endorphine, etc.
Cette activité stimule différentes zones du cerveau et, via le réseau du système nerveux, elle met en mouvement l’ensemble des organes et muscles du corps, en corrélation avec l’événement et notre prédisposition à le vivre. Par exemple :
Le dégoût peut engendrer un rictus facial et des spasmes au niveau de l’estomac.
La peur peut entraîner soit la fuite, soit, à l’inverse, une stupeur qui immobilise le corps.
La joie, comme la tristesse, peut libérer des larmes, etc.
Peut-on vraiment gérer ses émotions ?
À mon sens, non, puisqu’il s’agit de réactions brusques et momentanées, certes conscientes car ressenties au niveau physique, mais en aucun cas contrôlées, puisqu’elles répondent à une activité du système limbique, lui-même placé dans le cadre du système nerveux autonome. Dire que l’on peut « gérer » ses émotions est donc, pour moi, un abus de langage, voire un sophisme dialectique qui peut nuire aux personnes sensibles en quête de bien-être.
Pour qu’une émotion soit « gérée », l’information doit passer par le cortex préfrontal, siège de la réflexion. C’est là que l’émotion prend sens dans notre conscience — cette étape est souvent nommée « régulation émotionnelle ». Une fois cette régulation passée, l’information est filtrée par la « raison ». L’émotion primaire bascule alors dans une autre dimension : le sentiment émotionnel. Si nous devions traduire cela en diagramme d’intensité, après le pic émotionnel, nous aurions une courbe plus lente, un peu à l’image d’une ondulation provoquée par une goutte d’eau tombant à la surface d’un plan d’eau.
Si l’on ne peut pas gérer une émotion, il est néanmoins important d’être à son écoute pour évoluer face à une situation donnée ou dans une démarche de développement personnel. Sinon, lorsque la vie nous replacera dans une situation similaire, il est fort probable que notre réaction émotionnelle restera la même. Si notre attitude et notre comportement nous satisfont, alors carpe diem, profitons-en. Mais si la situation engendre en nous un état interne qui nous déplaît ou nous met mal à l’aise, il est important d’y prêter attention, car l’émotion devient une piste vers une évolution.
Autrement dit, être à l’écoute de ses émotions, c’est commencer à comprendre qui nous sommes. Vouloir les « gérer » revient à tomber dans le piège du contrôle. Je compare souvent une réaction émotionnelle à un enfant qui vous secoue la manche pour attirer votre attention. Tant qu’elle ne sera pas écoutée, elle reviendra briser votre sérénité.
Il est donc, selon moi, préférable d’être à l’écoute de ses émotions afin de les comprendre pour ensuite gérer les habitudes et attitudes comportementales, et plus globalement l’état interne qui en résulte. C’est un point de départ vers la conscience et la connaissance de soi.
Et vous, qu’en pensez-vous ?